La Thaïlande épinglée pour maltraitance animale
Le dernier rapport de l’ONG internationale World Animal Protection signale les 10 attractions touristiques les plus cruelles envers les animaux dans le monde. On en décompte plusieurs en Thaïlande.
Au pays du sourire, tout n’est pas rose surtout pour le monde animal. Ainsi l’ONG internationale World Animal Protection s’intéresse depuis plusieurs années au bien-être des animaux. Plusieurs attractions touristiques sont clairement montrées du doigt pour le traitement qu’elles font subir à plusieurs espèces.
Les éléphants
Animal royal, animal qui a longtemps accompagné l’homme dans les travaux forestiers et agricoles, l’éléphant est maintenant devenu une attraction touristique majeure. Que ce soit à Chiang Mai ou à Koh Chang (l’île aux éléphants), on ne compte plus les entreprises qui se sont développées pour profiter de cette manne. Sauf que le pachyderme n’est pas un animal qui accepte naturellement qu’on lui monte sur le dos (car s’agit ici d’accepter un cornac et des touristes toute la journée). Pour arriver à leurs fins, ces entreprises doivent le dresser (et non l’éduquer) afin de le rendre le plus docile possible. Pour y arriver, il faut soumettre à l’éléphanteau un rituel violent en le retirant du groupe et de sa mère. Animal sociable, on va lui faire subir un rituel (le « phajaan » : littéralement casser l’éléphant) pour le rendre dépendant de l’homme. Via des privations en eau et en nourriture, en l’enchainant et le battant, il va peu à peu se soumettre à la volonté de l’homme. La perte de repères, la dépendance envers l’homme pour sa subsistance vont peu à peu transformer l’animal en l’objet désiré, un gentil et serviable mammifère. Tout cela grâce à un traitement des plus violents.
Les faux refuges, l’exemple du Tiger Temple
Créé il y a plusieurs années, le Tiger Temple est l’exemple même de l’entreprise commerciale qui pense profit tout en se pavanant de protéger une espèce menacée. Dénoncés par plusieurs journaux et des initiatives individuelles telles que celle de l’américain Turner Barr, le Tiger Temple est en train de fermer. Petit à petit on évacue les tigres vers des lieux plus appropriés, mais le mal est fait pour beaucoup de félins. Dès leur naissance tous ont dû subir les câlins forcés de dizaines de touristes par jour, les narcissiques selfies et autres mises en scènes faisant passer l’animal pour une simple peluche ou objet de consommation courante. Si jamais l’animal se rebiffait celui-ci subissait un traitement spécial à base de violence et de privation. Enchaîné en plein soleil, dans des conditions de survie lamentables, il aura fallu des années pour qu’une prise de conscience s’opère. Entre des dizaines de milliers de touristes sont venus cautionner par leur simple présence ce lieu de maltraitance de masse.
Les fermes à crocodiles
Animal n’ayant pas un capital sympathie très fort chez les hommes, on ne peut que constater que le crocodile le paye cher, très cher. Élevés dans des fermes où seul le maître mot est rendement, ces lieux de production intensifs sont aussi des hauts lieux de la souffrance animale (surpopulation, stress, manque d’hygiène, etc.). Derrière les spectacles se cachent avant tout un business des plus sordides. Les sauriens sont ainsi présentés comme l’animal préhistorique qui a traversé les âges, mais certainement pas les portes de son enclos… tout est bon dans le croco : sa peau est depuis des lustres un matériau de mode et de luxe, ses dents et ses griffes objets de décoration et sa viande est présenté comme un met exotique que l’on doit à tout prix goûter (on appréciera le discours accompagnant ce genre de dégustation : on dirait du poulet en plus dur ! c’est plus fort que… !). Pour les crocos les plus chanceux et encore, ils devront se plier à un dressage toujours aussi violent pour un « spectacle » improbable mais toujours autant apprécié par les tour-operators.
La ferme au serpent
Si en Thaïlande certains centres respectent le reptile en lui offrant des conditions de subsistance suffisantes ce n’est pas le cas de toutes les fermes à serpent. En effet, il y deux catégories de lieux que peuvent visiter les touristes les centres de recherche comme celui de la Croix Rouge à Bangkok (où l’on se sert du venin pour faire des sérums anti-venin) et les fermes.
Dans ces dernières, on élève les serpents pour leur peau et pour quelques spectacles. L’un des grands musts étant de faire quelques photos et évidemment un selfie avec un cobra… mais pour cela, on doit s’assurer qu’il n’y a aucun danger. Le moyen le plus pratique est donc d’arracher les crocs au serpent que l’on a capturé en pleine nature auparavant. La bête ne produit donc plus naturellement de venin. Beaucoup de cobra ne résistent pas cette opération ou souffre tout le reste de leur vie de cette maltraitance.
Les singes
Que ce soit à Lopbur, Phetchaburi ou à Prachuap Khiri Khan, il y a de nombreux sites où l’on peut voir des singes se balader naturellement. Le seul inconvénient est quand le singe devient un animal pantomime, clownesque. C’est amusant pour certains, mais bien triste dans les faits. Pour arriver à ce résultat il a bien fallu dresser l’animal avec des méthodes violentes et dégradantes. A cela s’ajoute le fait que beaucoup finissent dans des cages et ne trouvent la liberté de se mouvoir uniquement lors de leur numéro à touristes. Une maltraitance peu voyante, mais bien présente.
Les spectacles de dauphins
Depuis l’affaire de Sea World aux Etats-Unis et du scandale sur la maltraitance envers certains cétacés, le monde des delphinariums est sous la sellette. En effet, la plupart des dauphins sont chassés en pleine mer (pour un attrapé combien meurent ?) et une fois en captivité doivent s’adapter à des conditions de vie dangereuses pour leur survie. Stress, bassins trop petits, soleil (le dauphin ne peut s’en protéger puisqu’il ne peut aller dans les profondeurs) sont autant d’élément que participent à une maltraitance dans des lieux que l’on présente comme exemplaire. On trouve plusieurs attractions en Thaïlande comme le Pattaya dolphin world. Pour une information complémentaire sur la situation des dauphins en Thaïlande voir cette page sur ce site spécialisé voir ici
En conclusion
Voyager, visiter, être curieux est souvent une bonne chose, mais comme le rappelle l’ONG internationale World Animal Protection n’oublions pas qu’être touriste, voyageur n’enlève pas le sens critique et le sens politique des choses. L’éthique et la responsabilité doivent être des éléments essentiels dans les façons de voyager. Le politique se joue tout autant dans la sphère privée que publique. Choisir, c’est s’engager et il n’y a de liberté que dans le choix. Alors voyageons responsable et pas idiot.