Le don aux moines en Thaïlande : coutumes, sens et conseils pratiques
Le don aux moines, pratique quotidienne en Thaïlande, exprime la générosité et le respect envers la communauté bouddhiste. Voici tout ce qu’il faut savoir pour comprendre et participer à ce rituel important.
Qu’est-ce que le don aux moines en Thaïlande ?
Le don, ou tak bat (ตักบาตร), est un rituel quotidien au cours duquel les fidèles offrent de la nourriture, des boissons ou des objets de première nécessité aux moines bouddhistes. Il se déroule tôt le matin, souvent avant le lever du soleil, lorsque les moines marchent pieds nus en silence dans les rues.
Ce geste permet aux laïcs d’accumuler du mérite (bun ou boon), élément fondamental dans la spiritualité bouddhiste thaïlandaise. En retour, les moines récitent une courte bénédiction.
Le rituel du tak bat est au cœur de la vie religieuse en Thaïlande. Il est étudié par des institutions telles que la Mahachulalongkornrajavidyalaya University, qui insiste sur l’importance du mérite (bun) dans la pratique du don. De son côté, l’UNESCO considère ces gestes quotidiens comme un patrimoine culturel immatériel, soulignant leur rôle dans la transmission des valeurs bouddhistes.
Pourquoi faire l’aumône aux moines ?
Le don de nourriture (ou dāna) est un acte méritoire essentiel dans le bouddhisme. Offrir à manger à un moine, c’est :
- accumuler du mérite karmique (bun), bénéfique pour cette vie et les suivantes,
- soutenir la communauté des moines, qui vit grâce aux dons,
- être altruiste et généreux qui sont des vertus fondamentales dans la voie bouddhique.
Les laïcs déposent les offrandes avec respect, souvent pieds nus, les mains jointes, en silence. En retour, le moine récite une bénédiction, c’est un moment apprécié pour sa dimension spirituelle.
Une période de repli : le carême bouddhique (vassa)
Chaque année, de juillet à octobre selon le calendrier lunaire, les moines restent confinés dans leurs monastères. Cette période est appelée Vassa, c’est un temps de méditation intensive, d’étude et de retraite spirituelle.
Pendant ces trois mois :
- Les moines restent dans leur temple (sauf exceptions rituelles ou obligations),
- Les activités extérieures, dont la quête d’aumône, sont limitées,
- Les laïcs viennent faire leurs dons au temple directement, souvent sous forme de repas ou d’offrandes plus conséquentes (lampes, savon, tissu…).
Cette période renforce les liens entre la communauté et le monastère. C’est aussi le moment propice pour les ordinations temporaires d’adultes ou de jeunes garçons.
À quel âge les moines font-ils l’aumône ?
- Les moines adultes (à partir de 20 ans, après l’ordination complète) font la quête quotidiennement.
- Les novices (samaneras), dès l’âge de 7 ans environ, peuvent les accompagner. Cela fait partie de leur apprentissage : humilité, discipline, respect du silence.
Beaucoup de novices ne restent moines que temporairement, notamment pendant les vacances scolaires ou en hommage à leurs parents.
Les femmes moines : entre tradition et modernité
La question des femmes dans le bouddhisme et voulant se faire ordonner est quelque peu ambiguë. Même dans le bouddhisme les inégalités entre homme et femme demeurent. En effet, les femmes qui vivent dans les monastères (mae chi) ne jouissent pas de la même considération que les hommes.
Ainsi, en Thaïlande, l’ordination complète des femmes n’est pas officiellement reconnue. Elles ne pourront jamais être pleinement un bhikkhunis c’est-à dire un moine pleinement ordonné. En revanche, on trouve de nombreuses mae chi, femmes qui vivent selon un mode monastique :
- Elles portent une robe blanche-rose,
- Elles suivent quelques préceptes clés liée à la bonne moralité telle que ne pas tuer d’êtres vivants, ne pas voler, s’abstenir de toute activité sexuelle, etc. ou à une hygiène de vie précise telle que ne pas manger après midi, ne pas consommer de drogues, etc.
- Et surtout elles vivent retirées dans des temples ou monastères féminins comme le Wat Paknam Phasi Charoen
⚠️ Contrairement aux moines, les mae chi ne sortent pas pour recevoir l’aumône. Ce sont généralement les fidèles qui viennent leur apporter des dons au temple.
Que peut-on offrir aux moines ?
La plupart des dons sont alimentaires, mais on peut également offrir :
- de l’eau ou des boissons non alcoolisées,
- du riz ou des plats préparés,
- des articles d’hygiène (savon, brosse à dents),
- des vêtements spécifiques aux moines (robes safran, sandales).
❌ Il ne faut jamais donner de viande crue, d’argent ou de produits interdits comme l’alcool ou le tabac.
Comment participer au don aux moines ?
Quelques règles essentielles :
- Se présenter en tenue décente (épaules et jambes couvertes).
- Se déchausser avant de déposer les dons.
- Ne pas toucher les moines, surtout si vous êtes une femme.
- Garder une attitude respectueuse et silencieuse.
- Accepter la bénédiction avec les mains jointes (wai).
Où assister ou participer au rituel ?
- Dans les quartiers résidentiels, à la campagne ou près des temples.
- À Chiang Mai, Sukhothai ou Luang Prabang (au Laos), le don aux moines est souvent visible le matin très tôt.
- À Bangkok, certaines zones près des temples permettent d’y assister sans gêner.
FAQ – Le don aux moines en Thaïlande
Est-ce que les touristes peuvent donner aux moines ?
Oui, à condition de respecter les règles de base et d’agir avec sincérité.
Est-ce une obligation religieuse ?
Non, c’est un acte volontaire et personnel, perçu comme un geste de foi et de respect.
Peut-on prendre des photos pendant le rituel ?
Oui, mais avec discrétion et à distance. Il est préférable de demander l’autorisation ou d’attendre la fin du rituel.
Que faire si l’on ne sait pas quoi offrir ?
Des stands près des temples vendent des paniers déjà préparés pour les offrandes.
