Balade à dos d’éléphant : boycott ou non ?
Les questions sur les violences animales sont de plus en plus fréquentes dans l’actualité internationale. Pourtant certaines pratiques ne semblent pas déranger et se perpétuent avec le sourire comme les fameuses balades à dos d’éléphant.
Fait divers…
Au Cambodge, cette semaine, un éléphant s’est écroulé dans une des rues menant au site d’Angkor, exténué, épuisé par des conditions d’existence et une exploitation outrancière. Le pachyderme promenait des touristes depuis 2001, avec des températures dépassant les 40°C, la tâche est devenue fatale.
Cette histoire n’est qu’un des aspects de la maltraitance que subissent les éléphants destinés aux attractions touristiques. De nombreux sites historiques d’Asie du sud-est joue cette carte pour donner une image plus authentique, comme une survivance d’un passé glorieux. Comme on peut le voir à Ayutthaya…
Les éléphants d’Ayutthaya
La scène est étrange, alors que nous sommes en plein cœur de la vieille capitale du Siam, Ayutthaya, au milieu des temples, stupas et chedi vieux de plusieurs siècles, une musique bourrée de BPM se fait attendre. En s’approchant, on se rend compte qu’il s’agit là du QG pour la balade à dos d’éléphant. Ils sont une trentaine à se succéder en file indienne pour accueillir sur le dos des touristes émerveillés.
Les cannes à selfies sont sorties, on s’installe comme on peut, le cornac sourit à peine et c’est partie pour une heure de balade au cœur de la vieille ville. Tout est prévu, les vêtements ‘traditionnels’ pour le guide avec une petite étiquette au niveau de la nuque indiquant son nom, une la tenue d’apparat pour l’animal, un chemin tout tracé entre voitures, vélos, motos et tuk-tuk. Tout se déroule parfaitement, la balade est exotique, unique et cela donne des photos avec un bon point de vue.
Mais à côté de l’image d’Epinal demeure l’aspect que beaucoup ne souhaitent pas voir, le dressage et les conditions de vie de l’animal.
Une question qui fait débat et qui fait bouger
Dans son dernier rapport sur les violences animales, l’ONG internationale World Animal Protection signale justement ces fameuses attractions comme l’une des activités les moins respectueuses pour l’animal. Si dans la tradition l’ éléphant est un animal noble, cela ne le protège en rien des exploitations commerciales. Cependant, avant de pouvoir profiter totalement du pachyderme, il est nécessaire de le « casser » à travers l’ancestrale pratique du phajaan.
Le Phajaan
Le phajaan consiste à un rituel qui débute par une séparation très rapide du jeune éléphanteau avec sa mère. L ’éléphant est un animal à forte sociabilité, le couper de ses pairs est alors essentiel si l’on souhaite qu’il soit malléable aux volontés humaines. Dès que le petit manifeste la moindre contrariété, il est battu, la moindre pulsion pour retrouver sons groupe, il est battu. Pendant des jours, l’animal est soumis à un ensemble de châtiments afin que peu à peu toutes résistances soient annihilées. Il est nourri par l’homme, libéré de ces entraves par l’homme, l’ensemble de son univers est maintenant régi par la main de l’homme. Le rite du phajaan consiste donc à aliéner et à soumettre l’animal.
Alors demeure des questions sur les éléphants en Thaïlande. Certain avanceront qu’à travers le tourisme, on sauve des éléphants, la société leur donne une utilité fonctionnelle, voire une reconnaissance… certes, mais une fois l’opération menée on est en droit de se demander pourquoi autant de jeunes éléphants sont autant présents dans ces « fermes » à pachyderme. Ce n’est plus des éléphants que l’on sauve, mais des éléphants qu’on élève. De fait, il s’agit d’un business qui engendre de bons bénéfices sur le dos d’animaux et des cornacs désabusés.
Alors, boycott ou non ?
Il suffit donc de se poser la bonne question, doit-on participer à ce manège ? La réponse est simple, mais peut devenir plus complexe avec des enfants. Dans ce cas précis, la pédagogie est de mise et la patiente pus que nécessaire pour expliquer les raisons de votre refus.
Une campagne a été menée contre l’exploitation des éléphants par de nombreuses associations pour l’arrêt de ce business voir ici