Songkran au Cambodge : traditions, rites et festivités du Nouvel An khmer

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Songkran au Cambodge : traditions, rites et festivités du Nouvel An khmer

Chaque année, en avril, le Cambodge suspend le cours ordinaire du temps. La chaleur atteint son zénith, les champs reposent, et le pays tout entier entre dans une autre dimension : celle du Choul Chnam Thmey, le Nouvel An khmer.

Choul Chnam Thmey Nouvel an Khmer
Songkran au Cambodge : traditions, rites et festivités du Nouvel An khmer pour Choul Chnam Thmey

Pendant trois jours, les gestes se font lents, les esprits se recueillent, puis la joie éclate sous les éclaboussures de l’eau. Le Songkran cambodgien se déploie comme un passage rituel entre deux saisons, entre deux états du monde.

Une date inscrite dans le ciel

Le Songkran au Cambodge suit les astres. Il ne s’agit pas d’une fête mobile au hasard, mais d’un rendez-vous cosmique dicté par le calendrier luni-solaire bouddhiste. En 2025, la célébration commence le 14 avril et s’achève le 16. Trois jours, trois étapes : Maha Sangkran, Veareak Vanabat, Leung Sakk. Trois respirations d’un même souffle ancien.

Premier jour : Maha Sangkran

L’entrée dans la nouvelle année commence avec un mouvement céleste : le soleil change de signe. Le pays marque le coup avec lenteur et gravité. Aux premières heures, les Cambodgiens se dirigent vers les pagodes. Offrandes, encens, prières. L’eau bénite accompagne les corps : visage le matin, poitrine à midi, pieds le soir. C’est une purification, un appel à la chance.

Les familles déposent sur les tables les mets préférés du Tevoda, l’ange de l’année. Chaque année, un nouveau gardien veille sur les jours à venir. Il arrive à l’aube, parfois à dos d’éléphant, les mains chargées de symboles.

Deuxième jour : Veareak Vanabat

Le lendemain, le temps se tourne vers les autres. C’est le jour du partage et de la mémoire. Les familles se rendent dans les monastères. Elles apportent nourriture, dons, prières. Les moins fortunés reçoivent en silence. Les ancêtres, eux, sont honorés avec des pyramides de sable dressées dans les enceintes sacrées. Les moines bénissent les vivants et les morts d’un même souffle.

Troisième jour : Leung Sakk

Enfin, la nouvelle année peut véritablement commencer. Le troisième jour est celui du passage. Les statues de Bouddha sont lavées avec de l’eau parfumée. Ce rituel, appelé Pithi Srang Preah, efface les fautes de l’année écoulée. Les enfants versent à leur tour de l’eau sur les mains et les pieds de leurs aînés. Geste simple, essentiel. Il scelle l’amour, le respect, et l’espoir d’une année fertile.

Jeux traditionnels : le cœur vivant des villages

Dans les campagnes, après la prière vient le jeu. Le Nouvel An khmer est un moment où les villages vibrent d’une énergie ancienne. Les jeux traditionnels cambodgiens reprennent vie sous les palmiers. Quatre jeux traditionnels sont de nos jours encore pratiqué :

  • Leak Kanseng : les joueurs assis en cercle, un joueur tourne autour et dépose un foulard dans le dos d’un des participants qui doit à son tour poursuivre le joueur (jeu du facteur).
  • Chol Chhoung : deux groupes se lancent un foulard noué au son de musiques ancestrales.
  • Donderm Sleok Cher : une variante du ballon prisonnier, la rapidité l’emporte, on appelle un joueur de chaque camp, le plus rapide attrape une branche au centre.
  • Teanh Proat : tir à la corde, garçons et filles sont unis par l’effort.

Ces jeux traditionnels khmers rappellent que la fête, ici, est une affaire collective, ancrée dans la terre.

Le nouvel an Khmer entre tradition et modernité

Nouvel An à Siem Reap : carrefour du sacré et du profane

À Siem Reap, ville des temples d’Angkor, le Songkran cambodgien prend une autre ampleur. Au lever du jour, les fidèles se pressent dans les pagodes. Le soir venu, la ville change de peau. La rue Pub Street devient un théâtre urbain. Musique forte, danses, jets d’eau, cris d’enfants. Les batailles d’eau s’organisent. Elles reprennent le geste sacré du bain rituel pour en faire un jeu de foule.

Dans cette ville, le Nouvel An khmer réunit spiritualité et festivités. Il attire visiteurs locaux et étrangers.

Phnom Penh et Battambang : autres visages du Songkran

À Phnom Penh, la capitale, les célébrations mêlent tradition et modernité. Spectacles culturels, chants, jeux de rue. À Battambang, les festivités prennent place le long du fleuve. Le marché devient lieu de déambulation, entre spécialités culinaires et artisanat local.

Cuisine de fête

Le Nouvel An khmer se célèbre aussi dans les assiettes :

  • Nom Ansom : riz gluant, banane ou porc.
  • Kralan : riz gluant, haricots, noix de coco, rôti dans du bambou.
  • Ya-hon : fondue douce, à base de lait de coco.
  • Lort Cha, Khmer Fish Amok, Num Pang : chaque plat est une mémoire.

Les repas sont partagés entre proches. Ils accompagnent les rires et les chants.

Vêtements traditionnels du Nouvel An cambodgien

Durant les jours de fête, le Cambodge se pare de tissus anciens. Le Sampot, noué à la taille, donne au corps sa liberté. Le Krama, foulard à carreaux, se pose sur l’épaule ou la tête. Il est à la fois vêtement, outil, symbole. Le Sarong et les tenues en soie sont portés lors des cérémonies religieuses. Les couleurs sont choisies avec soin : elles évoquent chance, renouveau, respect.

Différences entre le Songkran cambodgien et thaïlandais

  • Ambiance : en Thaïlande, le Songkran est une fête de masse. À Bangkok ou Chiang Mai, des foules se jettent à l’eau. Au Cambodge, la fête est plus intime, plus rituelle.
  • Rituels : en Thaïlande, les rites existent mais sont souvent dépassés par les festivités. Au Cambodge, les gestes religieux restent au centre.
  • Tourisme : la Thaïlande attire des millions de touristes. Le Cambodge reste plus discret.
  • Patrimoine : la Thaïlande a inscrit le Songkran à l’UNESCO. Le Cambodge travaille à l’inscription de Choul Chnam Thmey pour préserver son identité culturelle.

Le Songkran au Cambodge est une fête plurielle. Rituelle et joyeuse. Intime et collective. Dans les villages, dans les rues de Siem Reap ou de Phnom Penh, le Nouvel An khmer rappelle que chaque année mérite d’être accueillie avec soin, respect, et espérance. Entre l’eau versée sur les mains et les cris des enfants, un peuple célèbre le passage du temps, les liens du sang, et la force des traditions.

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