Le durian ça pue et ça tue !
Considéré comme le roi des fruits en Asie, le durian est le fruit qui apparaît aux yeux des occidentaux comme le fruit test, celui qui oblige à un certain courage voire témérité.
Le durian, c’est quoi cette odeur ?
L’essayer ce n’est pas l’adopter, c’est avant tout s’éprouver. Car la principale caractéristique du durian c’est son odeur, il sent très fort, il pue tout simplement, ce qui rend plus difficile une dégustation complète de ce met si particulier.
On doit reconnaître que dès que l’on parle d’odeur, on se rend compte que notre langue, notre vocabulaire olfactif n’est pas très large et bien souvent dépréciatif. Le durian en est un bon exemple. C’est un fruit complexe. Quand il vient juste d’être cueilli, frais, son parfum légèrement suave est supportable, il est même tentant.
La maturité du durian s’accompagne d’une accentuation de son odeur, plus les jours avancent, plus ses effluves s’approchent d’un mélange de fromages bien fort (munster), avec un soupçon de fumet d’oignon, de quelques senteurs de térébenthine et pour parachever le tout de vieux relents de chaussettes d’adolescents en pleine crises hormonales.
Le durian c’est un tout ! Mais tous les durians n’ont pas la même odeur, certains sont plus fort que d’autres, tout dépend de l’espèce.
Un fruit et des interdits
Pour donner une idée au novice de la puissance des émanations de ce fruit, certaines espèces d’animaux sont capables de le sentir à plus d’un kilomètre. Pour les hommes, la distance est moins importante, mais la société a imposé quelques règles pour s’en préserver ; il est interdit dans les transports collectifs et dans les marchés, les vendeurs ont une place précise, toujours sur le côté, dans des espaces bien ventilés.
Ce fruit, qui est de dimension plus que respectable avec un diamètre de 20 à 30 cm, est généralement de teinte vert caca d’oie est hérissé d’épines. Il contient, grosso-modo, cinq graines entourées de pulpes jaunes claires, avec une texture bien particulière également… à maturité, elle s’approche d’une crème épaisse, plus jeune, elle est plus croquante. C’est un aliment très riche gras, proche en quelque sorte de l’avocat.
C’est bon le durian ?
Demeure donc la question du goût… là aussi, tout dépend de la maturité du fruit. Bon ? Pas bon ? Difficile de se prononcer tellement le fumet est présent. Une coutume dit qu’il faut en manger 7 fois, et qu’ensuite on est prêt à percevoir la délicatesse et la subtilité du fruit… faut-il encore arriver à 7 !
Et tu ne boiras pas avec du durian !
L’autre challenge inhérent au durian réside dans son incompatibilité avec l’alcool. Cette fois-ci, l’aspect prend une tournure moins plaisante. En effet, une série d’incidents et de décès suspects survenus ces dernières années en Asie du Sud-Est ont suscité l’intérêt de certains chercheurs pour investiguer de manière plus scientifique cette question.
Il se trouve que le durian possède la particularité de freiner la production d’aldéhyde déshydrogénase, l’enzyme qui décompose l’acétaldéhyde issu de l’alcool. En d’autres termes, plus on consomme de durian en parallèle avec de l’alcool, plus notre métabolisme s’entrave dans sa capacité à métaboliser l’éthanol. Quelques verres et vous vous retrouvez précipité dans un état de coma éthylique profond, engendrant un réel danger mortel.
Moralité, le durian n’est pas un fruit à consommer pour l’apéro !