Bangkok, un restaurant, des capotes, une bonne soirée !
Le Cabbages and Condoms est un restaurant de Bangkok et en quelque sorte une institution militante reconnue dans toute la Thaïlande.
Au premier abord le titre peut paraître un peu cavalier ou un tantinet provocateur, mais il n’en est rien. Un restaurant, des capotes, une bonne soirée, c’est tout à la fois le thème du restaurant et notre ressenti.
Histoire d’un restaurant pas comme les autres
A l’origine, dans les années 70, les fondateurs sont interpellés par les questions relatives à la contraception et à la douloureuse problématique de l’avortement. Le gouvernement de l’époque est alors peu enclin à mettre en place une politique familiale digne de ce nom et condamne fortement l’avortement. Pour remédier à ce non investissement de l’État, un premier restaurant voit le jour. Mais un restaurant en façade et une clinique à l’arrière. Le premier finançant le second. En 1974, est créée l’Association de la Population et du Développement communautaire (PDA). Elle va alors participer avec le gouvernement thaïlandais à la promotion de la planification familiale dans tout le pays. C’est la fin des actions militantes cachées et informelles. Grâce à un contingent de volontaires, elle va ainsi participer à différentes campagnes sur la contraception que ce soit en milieu urbain ou rural. On peut noter que d’un point de vue démographique le taux de natalité a largement diminué passant de 7 enfants par femme dans les années 70 à 2 en 2005.
Les années Sida et le retour de la capote
Avec l’arrivée de l’épidémie du Sida dans les années 80, l’association voit sa mission renforcée. Elle participe à des campagnes de prévention sur l’utilisation des préservatifs. Elle initie de nombreux projets tant sur les questions de risque de transmission qu’un travil de sensibilisation sur la sexualité. Elle est alors un des principaux acteurs de prévention contre la maladie. Dans les années 2000 la question est beaucoup plus partagée par les autorités. Si l’esprit militant s’est quelque peu essouflé, il n’en demeure pas moins que le restaurant est toujours là pour financer les campagnes. Cepandant, la clinique a disparu.
Du boui-boui au restaurant classe
À ce jour, le restaurant est loin du petit boui-boui du début. C’est un beau bâtiment qui joue d’une décoration bien spécifique et très ludique. Le préservatif n’est plus ici l’objet furtif que l’on sort et que l’on met tout discrètement. Non, ici il est montré, désacralisé en multipliant les combinaisons créatrices. .
Il est devenu un matériau dont on se sert pour faire abat-jours, robes, chemises, etc. Il est distribué gratuitement, on fournit même du gel… la mission de l’Association se poursuit donc.
Certes on pourrait penser qu’il s’agit surtout d’un folklore sympathique aguichant les touristes, mais cela serait s’arrêter un peu rapidement sur l’initiative de ce projet. Ainsi, se poursuit encore des financements assez divers tels que l’ouverture d’une école au nord du pays ou les missions de sensibilisation aux risques de transmission d’IST lors de rapports non protégés.
Des filiales dans toute la Thaïlande
Le restaurant de Bangkok s’est maintenant multiplié. On le trouve dans d’autres villes de Thaïlande – Pattaya, Krabi, etc. En ce qui concerne le menu et les mets présentés, le choix est vaste allant des traditionnels plats à base de curry aux spécificités les plus alléchantes. C’est bon et le prix est tout à fait correct. Le cadre est charmant. Le restaurant est sur deux étages avec un patio tamisé par des petites guirlandes.