L’Asie du Sud-Est gay-friendly ?
Quelle est la place de l’homosexualité en Asie du Sud-Est. Comment est-elle perçue ? Comment vit-on son homosexualité dans cette région du monde ? L’Asie du Sud-Est est-elle gay-friendly ?
L’Asie du Sud-Est gay-friendly ?
Répondre à ces questions n’est pas chose évidente. Les études sociologiques pertinentes et portant sur autant de pays sont rares voire inexistantes. Du coup, pour avoir une idée, nous nous sommes plongés dans un sondage réalisé par le site PlanetRomeo. Il s’agit d’un site gay qui depuis le début des années 2000 occupe une place significative sur la toile.
En combinant trois thèmes (nous y reviendrons à la fin), ils ont tenté de générer un classement mondial du « bonheur » gay. On l’aura compris, quand on parle ici de gay-friendly, cela ne concerne que les hommes… L’homosexualité féminine, comme souvent, est encore une fois invisible ou oubliée, désolé mesdames, nous essayerons de trouver des outils plus pertinents la prochaine fois. Mais déjà, grâce à PlanetRoméo, nous aurons quelques indications.
L’enquête
Que nous apprend ce sondage d’un point de vue général sur les pays de l’Asie du Sud-Est ? Sur 127 pays représentés, on se rend compte que :
la Malaisie et l’Indonésie arrivent respectivement aux 77 et 73ème places. Pas terrible, terrible.
La Birmanie et le Vietnam font légèrement mieux car ils pointent aux 60ème et 52ème places. On remarquera que la Grèce arrive à la 53ème place (qui est quand même une destination appréciée du milieu gay, notamment pour certaines de ses îles) et la Croatie à la 59ème.
Le Cambodge occupe l’honorable 35ème place… Largement devant l’Italie 40ème, la Hongrie 49ème et la Pologne 51ème.
Enfin la Thaïlande est quand même à la 16ème place, c’est-à-dire 5 places de mieux que la France 21ème et que l’Angleterre 23ème. L’Irlande et son tout nouveau cadre législatif arrive à la 25ème.
Pour information, les trois premières places sont occupées respectivement par l’Islande, la Norvège et le Danemark.
Que peut-on déduire de ce classement ?
L’Asie du Sud-Est n’est donc pas si mal classée. Il n’est pas surprenant de voir des pays comme la Thaïlande arrivée loin devant un grand nombre de pays Européens. La Thaïlande est depuis longtemps sensibilisée aux questions homosexuelles et, que d’une manière générale, elle est totalement acceptée. La Birmanie est aussi un pays qui commence à s’ouvrir et que la tolérance envers l’homosexualité n’est pas en soi un énorme souci, en rapport à sa difficulté de gérer son multiculturalisme (comme le prouve l’actualité récente). La surprise vient du Cambodge, où l’homosexualité est bien admise et où l’on constate peu d’homophobie.
A l’inverse, les pays du Sud semblent beaucoup plus réservés que leurs voisins. On pourrait objecter que le caractère religieux peut entrer en compte. La Malaisie et l’Indonésie étant d’obédience musulmane, mais cela serait aller un peu vite dans l’appréciation. En effet, on trouve en queue de peloton du classement général des pays où il y a une majorité de chrétiens orthodoxes tels que la Russie 87ème, l’Ukraine 83ème ou l’Arménie 114ème. les paramètres culturels, sociaux sont aussi déterminants.
Remarques pour relativiser le classement
Il s’agit d’un sondage où demeurent de nombreuses imprécisions comme dans la formulation des 3 grandes questions pour cerner le fameux « bonheur gay »… :
- Opinion publique, que pensent les hommes gay du regard de la société sur l’homosexualité ?
- Comportements, comment les hommes gay ressentent-ils la façon dont ils sont traités par les autres ?
- Goût de la vie, les hommes gay sont-ils satisfaits de la vie qu’ils mènent et s’acceptent-ils eux-mêmes ?
De même, quelques erreurs méthodologiques peuvent être pointées du doigt : l’Uruguay arrive à la 5ème position alors que seulement 53 personnes ont répondu au sondage. Un chiffre qui est loin de donner une représentation statistique et qui ferait bondir un sociologue.
Cependant, on appréciera cette tentative de donner un éclairage sur cette question et surtout cette volonté de la cartographier. On peut ainsi identifier plus rapidement les régions du globe qui ont un gros problème avec l’homosexualité voire les pays qui ont institutionnalisé l’homophobie. A l’inverse, on peut découvrir facilement les destinations où l’on peut vivre pleinement son orientation sexuelle. Dans tous les cas, cette enquête donne déjà des éléments qui pourront être mesurés dans les années à venir, afin de voir les évolutions des sociétés concernées.