
Thaïlande : le fleuve Kok contaminé par l’arsenic – alerte sanitaire et environnementale au nord du pays
En Thaïlande, le fleuve Kok est touché par une pollution inédite à l’arsenic. Entre alerte sanitaire et tensions transfrontalières, une crise silencieuse se joue dans le nord du pays.

Contamination du fleuve Kok : un danger sanitaire au nord de la Thaïlande
Le fleuve Kok traverse les provinces thaïlandaises de Chiang Mai et Chiang Rai avant de rejoindre le Mékong. Longtemps essentiel pour l’agriculture, la pêche et le tourisme local, il est aujourd’hui au cœur d’une crise sanitaire et environnementale. Depuis fin 2024, des taux inquiétants d’arsenic et de plomb ont été relevés dans ses eaux, affectant la vie quotidienne de milliers de riverains.
Le fleuve Kok, une voie fluviale entre Myanmar et Thaïlande exposée aux pollutions minières
Le fleuve Kok prend sa source dans l’État Shan, au Myanmar. Il entre ensuite en Thaïlande à Mae Ai (province de Chiang Mai) puis traverse Chiang Rai avant de se jeter dans le Mékong. Cette situation géographique transfrontalière expose le fleuve aux activités humaines en amont, notamment minières.
Symptômes de la pollution : arsenic et plomb détectés dans le fleuve Kok
C’est à la fin de l’année 2024 que l’eau du fleuve change d’aspect. Dans plusieurs villages, les habitants signalent une eau plus trouble, des éruptions cutanées chez les enfants et un dessèchement des cultures malgré un arrosage quotidien.
Des analyses menées début 2025 confirment la présence d’arsenic à des niveaux supérieurs à 0,026 mg/L, soit plus du double de la norme fixée à 0,01 mg/L par les autorités sanitaires. Du plomb est également détecté à des concentrations dépassant les seuils de sécurité. Ces métaux lourds peuvent entraîner des troubles digestifs, des lésions cutanées, des risques de cancer et des atteintes neurologiques.
Pollution du Kok : les mines d’or en amont du Myanmar mises en cause
L’État Shan abrite de nombreuses exploitations minières artisanales, souvent non encadrées par des évaluations d’impact environnemental. Lors des pluies, les eaux de ruissellement transportent des sédiments chargés en métaux lourds vers le réseau fluvial, atteignant les zones habitées du Nord thaïlandais.
Des images satellites confirment la présence d’activités minières dans le haut bassin du fleuve. Plusieurs chercheurs et membres du Sénat thaïlandais demandent une coopération avec les autorités birmanes pour identifier et encadrer ces exploitations.
Pollution du fleuve Kok : impacts directs sur la santé et l’économie locale
Comme le rappelle le BangkokPost, à Ban Huai Kum, les villageois ont cessé d’utiliser l’eau du fleuve. D’autres, comme les agriculteurs de Mae Ai ou les éléphants du camp touristique de Ruammit, subissent une perte directe de revenus. Les éléphants ne peuvent plus être baignés, les touristes ne viennent plus. Les familles, elles, stockent de l’eau de pluie ou creusent des puits, mais doutent de leur sécurité.
Un échantillonnage de sédiments, effectué entre fin mars et début avril, a révélé des concentrations anormales de métaux lourds (arsenic, plomb, nickel, chrome) dans le lit du fleuve, notamment à Mae Ai et Chiang Rai.
Réaction du gouvernement thaïlandais face à la pollution du fleuve Kok
Face à la mobilisation des 13 communautés touchées, une réunion d’urgence a été convoquée le 30 avril. Le gouvernement thaïlandais a rassemblé les ministères de la Santé, de l’Intérieur, de l’Environnement, de la Défense et des Affaires étrangères.
Objectif : coordonner les réponses, engager des discussions avec les autorités birmanes et envisager une suspension temporaire des activités minières incriminées.
Fleuve Kok : les habitants réclament une eau propre et des solutions durables
Les populations locales réclament une communication claire, des analyses régulières et accessibles, un accompagnement médical et une prise en compte des voix locales dans la gestion de crise. Car au-delà des chiffres et des normes, c’est leur quotidien, leur santé et leur avenir qui sont en jeu.