Être conducteur en Birmanie : à droite toute !
Au Myanmar, le sens de la circulation et la place des conducteurs birmans est quelque peu surprenant. En effet, la très grande majorité des véhicules ont le volant à droite alors qu’il faut rouler à droite. Explication de cette pratique unique.
Le sens de la conduite
Pour rappel, en Europe, nous roulons à droite avec un volant à gauche… conduire en Birmanie c’est un peu comme conduire une voiture anglaise en pleine heure de pointe à Paris.
On le comprend vite, nous sommes en présence ici d’une incohérence totale avec le bon sens ! Cette particularité birmane ne date pas d’aujourd’hui, elle est le résultat d’une décision un peu saugrenue de l’ancien Général au pouvoir Ne Win.
Croyances et superstitions
L’histoire ou la rumeur veut que le Général ait pris cette décision suite à son entrevue avec son astrologue. Ce dernier lui prédit une meilleure régence s’il effectuait ce changement de circulation dans tout le pays. Drôle d’idée, mais qui ne sort pas totalement du chapeau et qui suit une « certaine » logique.
En effet, son astrologue associait le pays à un grand corps social, mais un corps malade marqué par une mauvaise circulation des énergies. Il a, de fait appliquer par analogie, un précepte clef de la médecine chinoise à l’ensemble du pays, celui du qi ou du chi.
Le chi circule dans tous corps qu’il soit humain ou consécutif à l’humain et dans toutes les manifestations de la nature. Il joue un rôle primordial avec les méridiens dans la circulation des énergies et la bonne santé qui en découle. Le pays n’allant pas forcément pour le mieux du monde, le remède était tout trouvé, changer les sens de circulation du jour au lendemain afin de créer une nouvelle dynamique, un nouveau regain d’énergie. Ainsi, en transposant ce principe thérapeutique à la nation, on devait retrouver la force et la vigueur de son passé glorieux.
Une idée saugrenue et des techniques pour s’adapter
Hélas, un pays n’est pas un corps et il obéit aussi à d’autres règles comme celles de l’économie. Or le Général dans sa précipitation oublia que l’essentiel des moyens de locomotion, voitures, bus, camions, sont exportés du Japon et de la Thaïlande voisine… Mais le petit hic c’est que ces pays roulent à gauche avec forcément un volant à droite ! Au diable, cette anicroche, la décision demeura, et les conducteurs durent s’adapter.
Depuis cette décision prise en 1974, l’ensemble du parc automobile, la quasi-totalité des bus et des camions ont un volant à droite. Résultats catastrophiques en terme d’accidents et de sécurité. Il est, par exemple, nécessaire d’avoir un copilote pour pouvoir doubler (et se rabattre pour les camions et les bus), d’avoir un passager pour payer à l’arrivée d’un péage, de faire très attention quand on descend/monte du bus, puisque l’on sort/monte côté route, etc.
Face à cette incohérence, les conducteurs ont mis au point plusieurs codes à base d’appels de phares et de clignotants, mais malgré cette adaptation, cela reste toujours du bricolage à la vue du nombre croissant d’accidents de la route en Birmanie.