Le bétel, le sourire rouge des birmans
Le Myanmar est l’un des derniers pays où la consommation du bétel est encore très présente. Une pratique étonnante et parfois dérangeante.
On trouve dans chaque quartier un stand où l’on en fabrique. Les plus fidèles y passent à plusieurs reprises dans la journée. L’addiction semble partagée par la majorité. Beaucoup mâchent depuis leur enfance ces feuilles contenant un mélange bien spécifique.
Une tradition ancestrale
Le bétel est consommé depuis des siècles. On peut lire dans de nombreuses chroniques de voyageurs européens dès le XVIème siècle, des remarques sur cette pratique et cette consommation à l’origine du sourire rouge des birmans. Ainsi dans les chronique de Ralph Fitch on peut voir l’étonnement de ce dernier face à cette pratique rendant les gencives de ses interlocuteurs rouges sang.
Une préparation détonante !
Sa préparation a peu évolué depuis le voyage de Ralph Fitch, même s’il existe quelques différences régionales dans les adjuvants ou les quantités requises. Grosso modo, pour la fabrication, elle est basée sur trois éléments essentiels : des feuilles vertes de bétel, de la chaux (souvent le résultat de coquillages broyés), de la noix d’arec (qui a des effets de coupe-faim, d’excitant) et à cela s’ajoute, parfois, des feuilles de tabac séchées. La noix d’arec contient de l’acide gallique qui a, forte consommation, use l’émail des dents et tuméfie les gencives. D’où ce sourire si spécifique et si surprenant. On chique essentiellement pour l’effet grisant du mélange et cela dès l’adolescence.
Une pratique clivante
Au Myanmar, c’est une pratique qui est en principe partagée par tous. Cependant, en y regardant de plus près, on se rend compte que les femmes commencent, de manière générale à abandonner, cette consommation. Il faut reconnaître qu’il y a quelque chose de peu avenant dans le bétel, c’est même parfois dérangeant. En effet, entre la vue des éclaboussures rouges réparties un petit peu partout sur tout le sol birman, mais surtout ces sacs contenant le résultat des heures de mastication, il y a de quoi soulever les estomacs les plus sensibles. A cela s’ajoutent également les effets secondaires sur les dents, les gencives et dans son ensemble la bouche. Du coup, la consommation du bétel semble peu-bénéfique dans une époque où l’hygiène et la présentation de soi demeurent des critères sociaux importants.
Le bétel un marqueur social ?
Peu à peu les critiques sur ce produit semblent pénétrer l’ensemble de la société birmane. En effet quand on observe les irréductibles “mâcheurs”, on se rend vite compte que ce n’est plus une pratique qui se retrouve dans toutes les catégories sociales. Pour s’en rendre compte, il suffit juste de s’installer dans une des fameuses maisons de thé, non loin d’un petit vendeur de bétel. Très vite, on se rend compte que nombre de conducteurs de taxis, de camions viennent chercher leur remontant, tout comme les ouvriers. Les cols blancs sont absents, les classes dirigeantes aussi, sans doute ont-ils compris les risques encourus par cette pratique pourtant si chère à leurs parents.