L’art traditionnel du tissage au Laos
En raison d’un coup de production peu élevé, la très grande majorité des vêtements produit dans le monde vient du continent asiatique. Mais derrière cet aspect économique se cache une tradition du tissage millénaire comme au Laos.
Un art traditionnel et culturel
Quand on arrive dans les grandes provinces du nord de la Thaïlande, du Laos, du Vietnam et de Birmanie, le visiteur est souvent étonné par le nombre conséquent d’ethnies. Or l’une des particularités partagées par tous ces groupes est de créer des habits et donc des tissages propre à leur groupe.
En effet, le tissage a une double fonction dans ces sociétés, celle de créer des vêtements, mais aussi, de par les motifs, les couleurs et les tissus employés de donner une identité commune à tout un groupe. C’est l’habit/le tissage qui fait le groupe ou qui identifie un individu à un groupe. À cela s’ajoute les petites différences intergroupes marquant les hiérarchies sociales (qualité du tissus, les motifs, etc.)
Un tissage remis au gout du jour
Le choix est donc vaste pour celui ou celle qui est attiré par ces tissus traditionnels. Le Laos en est un parfait exemple. Même si les influences occidentales ont amoindri le port quotidien des vêtements traditionnels, la production a repris ces dernières années afin d’honorer une demande extérieure de plus en plus importante.
Le matériau le plus souvent privilégié dans le tissage traditionnel est la soie. Il s’agit souvent d’une soie sauvage (même si l’on peut s’interroger sur cette notion de sauvage à la vue de la demande toujours plus importante…). La production est dans la très grande majorité des cas artisanale.
Une activité familiale
Il n’est pas rare de trouver dans des marchés, des tissus qui ont été tissés par des familles. Ce travail, essentiellement fait par les femmes, est alors unique. Chaque famille ayant un motif distinctif et un matériau particulier. Tout dépend du dévidage, de l’origine de la soie, de la tradition régionale. En effet, certaines régions ont des tissus avec une soie épaisse, brute alors que d’autres s’appliquent à avoir une soie fine, douce au toucher.
Le marché local s’est adapté aux changements des habitudes vestimentaires. Si les laotiens ne portent plus quotidiennement des tenues avec un tissage traditionnel, beaucoup de laotiens les utilisent lors de cérémonies bouddhistes ou de grandes fêtes. Ils aiment alors se parer de foulards, de jupes, d’écharpes, etc. traditionnels.
Du traditionnel à l’exportation
Nombre d’entreprises ont vu le jour ces dernières années. Elles utilisent des métiers à tisser en bois et pour quelques-uns des métiers semi-mécaniques. Malgré leurs aspects rudimentaires, ces vieux outils permettent de sortir des produits de très belles factures. Produire un tissu traditionnel demande du temps. En effet, il faut compter un mètre en un jour pour les tissus avec des motifs simples. De même, pour les motifs plus complexes, le travail journalier se compte en centimètres.
Un des meilleurs exemples de ce renouveau pour le tissage traditionnel est la petite fabrique Lao Textiles de Carol Cassidy qui se trouve en plein cœur de Vientiane. Loger dans une vieille demeure au style colonial, on peut y voir un atelier de fabrication et un petit magasin avec de nombreuses étoffes et autres tissus créés dans la pure tradition laotienne.
Pour ceux et celles se rendant au nord du Laos (Luang Prapang), plusieurs entreprises offrent un bel éventail de tissus traditionnels. Attention cependant aux contrefaçons et autre simili-soie en provenance de Chine. Un tissu traditionnel demande du temps, une matière noble et a donc un coût.