Thaïlande, les solidarités partagées

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Thaïlande, les solidarités partagées

Les règles de savoir-vivre sont parfois riches en enseignement, elles révèlent les solidarités qui s’expriment dans une culture. Exemple de la Thaïlande et ses transports.

BTS comme exemple

Au premier abord, quand on observe le métro ou le BTS de Bangkok, on relève de nombreuses similarités avec ses confrères européens : un quai pour accéder aux wagons, une rame de métro construit par des entrepreneurs allemands (Siemens), des stations se succédant les unes après les autres et surtout, le même but partagé par tous les usagers, celui de se déplacer d’un point A vers un point B. Bref, prendre un métro en Europe ou en Thaïlande reste un acte banal qui est peu enclin à révéler de quelconques différences culturelles… et pourtant. Si l’on observe les comportements des passagers, des particularités surgissent les unes après les autres, donnant de tous petits indices sur les us et coutumes.

Les solidarités

Il y a par exemple les questions relatives à la politesse ou comme le nomme les sociologues, les expressions des solidarités. De quoi s’agit-il ? Chacun a un jour pris le métro. On entre, on s’assoit s’il y a de la place. Une personne âgée arrive, la politesse partagée veut qu’on lui cède gentiment sa place. Au cas où on ignore ces lois implicites de savoir-vivre, on trouve dans tous les wagons des autocollants rappelant l’ordre établit : en 1er on laisse sa place aux personnes âgées, en 2ème aux femmes enceintes, en 3ème aux personnes à mobilité réduite. De cette liste se dessine donc une hiérarchie à respecter. Ainsi, chacun sait qui est prioritaire. Mais cette règle est-elle identique partout ? Qu’en est-il en Thaïlande ?

thailande-politesse

Savoir-vivre thaïlandais

Un premier constat, on trouve également un système similaire en Asie. Cependant l’ordre et les personnes concernées par cette solidarité changent totalement. Si l’Europe de manière générale consacre la personne âgée – la figure du sage – la Thaïlande privilégie le bonze – figure également du sage. Ce dernier jouit de privilèges certains. Tout d’abord, il a droit à un autocollant pour lui tout seul (voir photo). Il est en dehors des listes. Il est au-dessus de tout classement. Mais si le bonze est favorisé dans le métro ou le train, on remarquera que dans les aéroports, ce n’est plus une simple priorité pour s’assoir qui lui est accordé mais un confort des plus luxueux : des loges ou des espaces comprenant canapé, table basse, tv, etc.

Bref tout un ensemble d’éléments qui soulève un paradoxe : si la vie monacale est en principe une existence loin de tout matérialisme, la société civile semble avoir oublié que ce matérialisme est aussi une marque de distinction et de privilège. Une politesse, une solidarité qui est en quelque sorte antinomique avec les préceptes du Bouddha, mais que nombre de bonzes acceptent.

Salon réservé pour les bonzes dans un aéroport thaïlandais Salon réservé pour les bonzes dans un aéroport thaïlandais

Un ordre hiérarchique

A côté de l’autocollant consacrant le bonze, on en trouve un autre avec trois personnages, trois nouveaux prioritaires. En 1er les enfants. Surprenant au premier abord, on comprend que derrière cette mesure, c’est avant tout la protection de l’enfant qui est recherchée notamment dans ces transports où l’on peut très vite être compressé. Priorité pour s'assoir dans le BTS

En deuxième position on trouve la femme enceinte. Les raisons sont là aussi simples à comprendre, on protège la future mère et l’enfant à naître. En troisième, les personnes âgées. Un classement pouvant paraître surprenant et pourtant.

Quand on compare avec l’Europe, on comprend que d’un côté (on laisse le cas des bonzes), nous avons un pays qui exerce sa solidarité en premier lieu envers les générations à venir et les jeunes en général. C’est en quelque sorte l’avenir du pays qui est préservé. De l’autre, du côté européen, c’est la personne âgée, c’est-à-dire celui ou celle qui a vécu l’histoire ou qui a fait l’histoire. Dans cette solidarité, c’est alors un peu de la mémoire collective qui est préservée comme l’illustre parfaitement l’adage : quand un vieux meurt, c’est une bibliothèque qui brûle. Nous avons donc deux types de solidarité, l’une mobilisée envers les générations futures, l’autre envers une catégorie spécifique, la personne âgée.

S’agit-il d’une caractéristique culturelle ou simplement lié à la démographie ? En effet, la Thaïlande est un pays jeune ayant plus de la moitié de sa population qui a moins de 20 ans, à l’inverse, l’Europe et la France en particulier sont des territoires vieillissants où les plus de 60 ans sont largement majoritaires. Peut-on y voir une corrélation ou s’agit-il d’un simple hasard ?

Dans tous les cas, il est important de saisir l’expression de ces solidarités, elles permettent de comprendre que la notion de courtoisie, de politesse sont toutes relatives, qu’elles muent d’un pays à un autre, que ce qui va de soi ici, n’est l’est pas ailleurs.